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Dans le regard de Fred
13 juin 2022

La guerre des feux de Jean Pierre Squillari

IMG_1708Bonjour à toutes et tous Mon cercle Amical, aujourd’hui je viens évidemment vous parler d’un livre. Mais pas que, je viens aussi vous faire « prendre conscience » qu’un geste parfois anodin peut s’avérer être un DRAME surtout dans ce Sud de la France que je chéris et j’aime tant.

Vous ne le savez certainement pas mais lorsque j’étais jeune( très jeune même ), je rêvais de devenir pompier. Soit je n’ai jamais eu la condition physique pour cela, mais dans mes rêves à l’époque tout était possible.
Ce livre dans lequel je vais me plonger est un témoignage écrit par Jean Pierre Squillari titré :
« La guerre des feux »…
J’ai eu la chance de découvrir ce livre à La Fare les Oliviers lors de la seconde Fête du Livre de l’Art et du Jeu au stand de Red’Active Édition ( d’ailleurs n’oubliez pas la semaine spéciale consacrée à cette Maison d’Edition que je vous propose du 3 au 9 juillet sur Mon blog).
Évidemment pour la petite histoire, en lisant la quatrième de couverture de ce livre, j’ai immédiatement pensé à ma famille( j’ai eu des cousins pompiers et certains sont encore en activité), mais aussi des amis proches qui le sont.
Résumé :
« Ancien chef de corps de La Ciotat puis d’Aubagne, et référent feux de forêt dans Les Bouches du Rhône, Jean Pierre Squillari met aujourd’hui une retraite bien méritée au service de l’écriture et de la mise en avant de la profession controversée qu’est celle de pompier. 
La guerre des feux, son premier récit, relate ainsi une quinzaine des interventions phares qui ont jalonné une carrière téméraire, riche et altruiste, au cours de laquelle Jean Pierre Squillari, comme ses pairs, n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour sauver celles des autres.
Il s’agit ici d’un texte précis, mais accessible, technique, mais littéraire tant les accointances de Jean Pierre Squillari avec le tissu des lettres provençales est prégnant sous sa plume, dynamique, mais émouvant et, surtout, éminemment intime et sincère. 
Extraits:
« Notre jeep avait la particularité – peu agréable – de n’être étanche à rien, de sorte que les odeurs d’essence et les gaz d’échappement envahissaient la cabine. Heureusement, pour la même raison, l’air venu de l’extérieur diluait ces émanations toxiques, ce qui nous évitait d’avoir la migraine. Inconvénient : nous étions frigorifiés. Le froid nous paralysait les jambes et nous ankylosait le corps entier malgré le bricolage de fortune que nous avions tenté : deux pauvres pièces de toile qui obturaient l’ouverture des portes. Les deux engins qui nous suivaient étaient logés à la même enseigne. De toute façon, puisque les feux de forêt se produisaient uniquement l’été, ces petits problèmes d’intendance n’existaient pas ! Nous bavardions lorsque, soudain, à l’entrée du village de Saint-Zacharie, dans un virage, un camion à l’arrêt nous barra la route tandis qu’un autre camion arrivait en face. Edmond, surpris, freina de toutes ses forces. La jeep se mit en travers, et je vis arriver le semi-remorque qui venait en sens inverse droit sur nous. Edmond redressa et stoppa à quelques centimètres du camion à l’arrêt. Derrière, nous entendîmes les pneus crisser avec un bruit effroyable. Je craignis le pire. Rentrant le cou dans les épaules, je m’agrippai et me calai comme je le pus. Pourtant, rien ne se produisit. Nous descendîmes du véhicule. C’était incroyable : la jeep n’était qu’à quelques centimètres du camion, le Renault à quelques centimètres de la jeep, le P45 à quelques centimètres du Renault… À quelques centimètres près, la mission se terminait à Saint-Zacharie ! »
« Tous les anciens vous le diront : l’année 1979 fut à l’origine d’un véritable bouleversement dans l’approche opérationnelle et administrative des feux de forêt dans les Bouches-du-Rhône. La forte augmentation du nombre d’incendies et des surfaces brûlées a eu pour conséquence une mise à plat de notre stratégie de lutte. Pour la première fois en effet, en 1979, les feux de forêt ont fait l’ouverture des journaux télévisés. La France entière a vu les énormes incendies qui se multipliaient dans le Midi. Avec curiosité d’abord, avec anxiété ensuite, nos concitoyens ont vu les forêts dévastées, les campings évacués ou ravagés, les touristes paniqués, les sapeurs-pompiers aux abois et les autorités désemparées. Chacun a alors pu constater l’inefficacité des milliers de litres d’eau déversés par le ballet des Canadairs sur des centaines d’hectares de pins enflammés comme d’immenses torches. Chacun a également pu être témoin du courage et de la volonté des sapeurs-pompiers qui luttaient dans des conditions inégales face aux éléments déchaînés. Ce qui était, depuis des dizaines et des dizaines d’années, considéré comme un phénomène local, était devenu, après deux mois d’été, une véritable cause nationale. »
« C’est ce jour-là, le vendredi 27 juillet, qu’a choisi mon cousin germain pour se marier. Il faisait toujours aussi chaud, et le mistral s’était mis à souffler quelques jours auparavant. Nous étions attendus à la mairie pour 17 heures. J’hésitais entre costume-cravate et tenue un peu plus décontractée. La sonnerie de la porte d’entrée me tira de ces réflexions. Mon frère se trouvait sur le pas de la porte et me demanda tranquillement : « On y va ? » Je fus surpris de cette question : d’abord parce qu’il était en avance sur l’heure prévue, et ensuite parce qu’il était bien évident que, oui, nous allions aller au mariage de notre cousin ! « Bien sûr qu’on y va, mais attends que je sois prêt », lui répondis-je. Avec un sourire au coin des lèvres, il me tira vers la fenêtre. Il ne parlait pas du mariage : un énorme champignon de fumée se développait vers le nord-ouest, derrière les collines du massif du Garlaban. En une fraction de seconde, le mariage, le costume, la mairie et même la chaleur, je n’y pensais plus. Mon épouse a vite compris que son cavalier allait lui faire faux bond et qu’il allait troquer sa chemise blanche pour un treillis et ses souliers vernis pour des bottes de feu. Depuis le 8 juillet, nous n’avions pas chômé. Les incendies n’avaient cessé de se succéder : Peynier le 10, Marseille le 12, Martigues le 22, Peynier de nouveau le 23, encore Marseille le 24… Nous dépendions de la météo et du vent qui favorise les incendies (et attire les incendiaires). »
En lisant la préface écrite par le Colonel Antoine Battesti ancien militaire et ancien sapeur-pompier, je peux découvrir l’humanité qui fait partie de la nature de l’auteur. Je ne connais pas l’auteur, mais je sais déjà qu’il a un grand cœur.
Venons en maintenant à lavant propos écrit par l’auteur lui même. Dont un court chapitre m’a marqué, les mots choisis sont fort et donne tellement de sens à ce livre que j’ai entre mes mains.
« J’ai compris que, dans la lutte contre les feux de forêt, il faut rester humble. Il n’y a pas de superhéros, pas de maître en la matière : la lutte contre un feu de forêt est une discipline inexacte, parce que soumise à plusieurs aléas. La vérité du jour n’est peut-être pas celle du lendemain. Les feux de forêt sont le type d’intervention où notre profession connaît malheureusement le plus d’accidents mortels, en France comme à l’étranger. »
C’est ainsi que je me lance dans la lecture de ce livre témoignage ou l’auteure nous raconte, avec des mots touchants et parfois percutants que pour sauver un pétrolier ancré au port de La Ciotat il n’était pas au rendez-vous du baptême de sa fille. Pire encore lorsque à la fin chapitre, il nous confie que lorsqu’ils sont allés, lui et ses hommes dans les couloirs du gros bateau, en train de brûler pour éteindre le feu, ils ne savaient pas que le danger était présent sous leurs pieds car les responsables de la sécurité du chantier avaient envisagé de remorquer le pétrolier en pleine mer de peur que les réservoirs de fuel lourd n’explosent pas en pleine ville.
Les feux de forêt, ça ne se passe pas que l’été. Je vous invite donc, lorsque vous venez ici en Provence MAIS aussi de partout à faire toujours, à n’importe quelle période de l’année, attention à ne pas provoquer un feu.
C’est ainsi que Jean Pierre Squillari nous raconte celui de Bagnols-en-Forêt dans le Var où il s’est rendu avec son équipe en renfort pour donner la main aux pompiers de la bas. J’ai d’ailleurs envie de vous retranscrire ici même un extrait qui donne l’ampleur de la vocation du sapeur-pompier:
« De façon générale, les sapeurs-pompiers sont comme une deuxième famille. Le fait de vivre ensemble des situations difficiles crée des liens très forts et soude les hommes. Et, dans la mesure où nous avons des moments difficiles à passer ensemble, la cohésion est primordiale. J’ai toujours privilégié le travail de groupe au travail en solo. À cette époque, bien que je sois plus jeune qu’eux, les hommes que je commandais me faisaient confiance. L’avis des anciens est toujours des plus précieux. L’expérience qu’ils ont acquise est un trésor inestimable pour qui sait l’utiliser. Il n’y a pas de Superman dans notre métier, et surtout pas dans les feux de forêt, spécialité ô combien aléatoire, soumise aux caprices de plusieurs paramètres que l’on ne peut pas toujours maîtriser. Pour couronner le tout, en 1973, les communications radio n’en étaient qu’à leurs balbutiements. Quant aux communications téléphoniques, elles étaient inexistantes. Nous étions donc livrés à nous-mêmes. »
En juillet 1979 alors que l’auteur se prépare pour le mariage de son cousin, il voit un feu et sans réfléchir fonce à la caserne. Dans cette œuvre témoignage on constate la passion, mais aussi la dévotion d’un pompier qui, au péril de sa vie, sauve des vies. Justement sa vie, parlons-en, l’auteur consacre celle-ci à sa vocation de sapeur-pompier.
Dans les différents récits de ses expériences vécues en plein cœur des feux de forêts du sud de la France, l’auteur nous fait vivre comme si nous étions l’enfer dans lequel il a vécu sa passion et son travail. J’ose affirmer que les pompiers, encore aujourd’hui d’ailleurs, sont tous des grands hommes qui chaque jour, au péril de la leur, sauvent des vies. 
J’avais peur que ce soit trop technique pour apprécier ce livre à sa juste valeur cependant Jean Pierre Squillari a réussit à offrir à un grand public ce témoignage prenant et touchant sur le corps des sapeurs-pompiers et rien que pour ça je le félicite.
Un passage m’a énormément touché. Figurez-vous que cet homme, Jean Pierre Squillari l’auteur de ce livre, alors qu’il sort d’un enfer avec un soucis à ses yeux, souffre encore plus de ne pas pouvoir aider ses collègues, je retranscris l’extrait:
« Tarasco me demanda sur les lieux afin d’organiser la lutte dans ce secteur. J’avais toujours mon bandeau sur les yeux. J’étais handicapé, impuissant et inutile, alors que le feu, qui continuait sa progression vers un autre supermarché, était désormais aux portes de la ville, recouverte par la fumée de l’incendie. J’étais dans l’incapacité de répondre à l’attente de mes supérieurs. J’essayai tout de même d’ôter mon bandeau. Les picotements étaient un peu moins intenses, mais il m’était toujours impossible de rester les yeux ouverts plus de dix secondes. C’était la pire des choses qui pouvaient m’arriver : ne pas pouvoir exercer mon métier, être incapable d’apporter ma pierre à l’édifice et de contribuer à la lutte contre l’incendie sur la commune à laquelle j’étais affecté. Je n’étais pas au rendez-vous et j’en fus profondément désolé. J’imaginais les collègues et les amis qui luttaient afin que nos paysages ne soient pas défigurés. De fait, le combat continuait, maison par maison, et il était intense. »
En lisant le chapitre titre : « l’auberge espagnole » je ne peux que finir en larmes tellement ce récit d’une mère et son enfant furent retrouvés par l’auteur. Mettant encore un coup à ma tristesse lorsque le père pas présent dans la chambre du drame vient demander des explications en caserne. N’oublions pas de signaler que le sapeur-pompier est avant tout un humain, qui ressent tellement d’émotions par le biais de son travail, sa passion même. 
Je constate et reconnais la grandeur d’âme de l’auteur lorsqu’il rend hommage à un jeune sapeur-pompier. Ce chapitre aussi m’a fait couler des larmes. Comment rester insensible dans ce récit si fort et poignant sincèrement.
Il y a un extrait que je désire vous retranscrire pour vous démontrer à quel point l’auteur est humble et tellement passionné, dévoué aux corps des sapeurs-pompiers:
« Un simple regard entre Claude et moi suffit à notre bonheur. Ce genre de moment fort, dans la carrière d’un responsable, vaut mille médailles et mille discours. Je souhaite simplement que de nombreux cadres goûtent au plaisir, simple et intense, du travail accompli, d’autant plus lorsque c’est à l’aide d’une équipe si solidaire et si soudée que l’on ne peut en distinguer un membre plutôt qu’un autre. Tous mes hommes avaient été exemplaires, du plus jeune au plus ancien. Il leur avait fallu se fondre dans le groupe, faire abnégation de soi au profit de la collectivité. Dans ces circonstances, chaque vie dépend de celle de l’autre, chacun travaille pour l’autre. »
Je ne vais pas conclure ce retour par une citation MAIS en vous hurlant haut et fort un conseil: S’il vous plaît, l’été arrive alors si vous avez décidez de venir profiter de nos belles terres provençales. Ne faites pas les inconscients, vos cigarettes, par exemple ne les jetez pas n’importe où mais prenez avec vous des cendriers de poches. Évitez les barbecues lors de grands coups de Mistral, évitez toutes actions qui pourraient provoquer un feu et ainsi brûler des centaines d’hectares et peut-être même mettre en péril les pompiers, je compte sur vous Mes Ami(e)s…
Et maintenant, je n’ai PERSONNELLEMENT qu’un seul espoir, un nouveau rêve, celui de saluer et serrer la main de ce grand homme dont je viens de lire cette œuvre : « La guerre des feux » de Jean Pierre Squillari….
Alors les Ami(e)s qui a l’intention de le lire? Ou l’a déjà lu?… Dites Moi tout ?…
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