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Dans le regard de Fred
24 janvier 2023

Spécial Red'Active Editions Jour 6 - Interview Manu Gros

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Hello Manu, tout d’abord sache que je suis heureux de te recevoir, ici même sur mon « Blog ». Alors, venons-en au fait ! Installe-toi confortablement. Bien, alors Manu, je vais être curieux, mais je suppose que tu t’en doutes bien étant donné que tu as accepté cette entrevue. Tu es un homme, auteur, lecteur, sans oublier que professionnellement tu as un travail prenant et une famille. Donc, l’une de mes premières questions en quelques mots, qui est Manu Gros ?

En remontant au Crétacé supérieur, un jeune Aixois dingue de volley-ball qui ; durant son année de 3e,  ratait une matinée de collège sur deux.  Parce qu'il avait bouquiné jusqu'à 3h du matin Philip K Dick, Asimov, Philip José Farmer et autres opus des big boss de la SF que lui prêtait un érudit ami de sa mère. Laquelle bossait la nuit cette année là et ne pouvait pallier la sonnerie du réveil pas entendu. Cela n'a pas plus au proviseur du collège-lycée Vauvenargues qui lui a suggéré d'arrêter sa carrière dans l'éducation nationale  Ce malgré quelques facilités d'écritures en rédaction de poèmes pour les filles ou à l'oral. Plus souvent pour conter des blagues aux copains que pour analyser un texte au tableau. A la place des études secondaires, universitaires et des auteurs classique celle du boulot en forêt quelques mois, sur une scène d'opéra 6 étés au Festival d'Aix ou du très psychologique métier de serveur et DJ en boite de nuit pendant 19 ans. C'est durant ces dernières années de hibou que la plume conteuse oubliée s'est remise en marche. D'abord comme pigiste sportif. Puis professionnel  en Martinique à France-Antilles un an et enfin à pro qui fait la fête en son Pays à La Provence depuis 2008, essentiellement rayon culture et spectacle même si l'organisation à l'agence d'Aix impose à tous la polyvalence.     

Comment fais-tu pour tout conjuguer ?

Ecrire toute la journée dans un quotidien de presse laisse peu de disponibilité pour les romans. De temps et surtout d'esprit, d'envie de s'exprimer par l'écrit. Bref du jus... La bibiliographie de Balzac me terrifie. Je me dis qu'il a dû tremper sa plume d'oie dans l'encre 20h par jour. Moi passé 12h...  Ma métaphore favorite c'est celle du maçon qui doit finir de construire sa propre maison en rentrant chez lui le soir. Comme je suis fan de ciné, en rentrant du journal j'ai surtout envie de films. C'est aussi au détriment de la lecture qui est comme le sport, l'amour et le travail. Plus on fait et plus on peut faire. Moins on lit, moins on peut lire. De fait, dans la rubrique culturelle je délègue l'essentiel des chroniques littéraires. Pas envie de chroniquer un bouquin lu en diagonale... Mais bon j'essaye de me soigner. Bref, l'écriture romans c'est les jours de repos et pendant les vacances entre deux plats cuisinés et un coup de taxi pour mon p'tit gars de bientôt 13 ans. Sporadique donc...     

Je vais me pencher plus vers ton activité d’auteur si tu me le permets : quel est le cadre idéal ou tu aimes écrire ?

Pour amorcer l'inspiration j'adore le bord de mer et surtout les voyages. Mais comme l'a dit en interview je ne sais plus quel écrivain américain, une fois immergé dans l'histoire que je me raconte, 3m² de cave, une loupiote et une machine à écrire suffiraient. Faut juste que je puisse fumer. Au début trois pages une clope. En fin de session une clope toutes les trois lignes.     

Même si je suis conscient que les auteur(e)s se servent de leurs vies pour écrire, je désire en découvrir plus sur tes sources d’inspirations, quelles sont-elles ?

Ado je lisais et je me voyais écrire des romans de Science Fiction, de la poésie ou des chansons jusqu’à ce que j’écoute Nougaro et que je me dise que toutes celles que j’aurais voulu écrire il s’en était déjà occuppé. Ce qui est bête car à partir de là, on ne fait rien. Maintenant comme tu dis, un peu le ciné et l'histoire, c'est ma vie qui m'inspire. Les gens qui y passent, les lieux où je zone. En voyage où j'ai de moins en moins l'occasion de partir ou au quotidien. Les odeurs, les situations dans un bar. Toute réalité est matière qu'on peut fragmenter, coller, tordre,  superposer, décaler... Publiée comme moi par Mailis Paire chez Red'Active, Lola Cano a rendu grâce à la richesse à découvrir chez les anonymes et les discrets dans Vous qui passez sans nous voir. C'est super. Il en faut dans un livre. Des silencieux qui laissent au lecteur la place de s'exprimer ; de participer, de s'amuser.  D'imaginer ce que ces gens ont dans le cœur, la caboche et la culotte. J'en place mais comme des passants fugaces. Mais pour tirer ces wagons j'utilise des locomotives comme Tonton qui eux, à l'inverse, sont immanquables. Et tout le monde en connait, des grandes gueules, des too much ou les deux. Comme au théâtre on peut se cacher derrière eux pour écrire toutes les saloperies sur son prochain qu'on ne pense que tout bas. Les mots orduriers qu'on ne lâche que dans l'alcove si affinité de l'autre avec ce moteur de la libido. Tout ce que la morale nous impose d'autocensure. On peut se marrer, jubiler à écrire leurs frasques rabelaisiennes réelles et en inventer d'autres qui pourraient leur arriver. Ce que je ne saurais écrire pour l'heure c'est du 100 % noir. Du cynique parfois oui. Mais du malheur et des ténèbres humaines pure, non. Comme Albert Dupontel, j'ai besoin de peindre le drame au nez rouge. Et des drames bien moins dramatiques que ceux qu'il peut traiter. Le tragi-comique plus comique que tragique, le clownesque c'est mon truc. J'aime rire, faire rire les gens ou tout au moins sourire de temps en temps quand on me lit.  Dans Tonton avait une ferme en Ukraine, il y a le récit d'une tuerie abominable en Argentine. Mais c'est la seule du genre et elle est distancée. Elle ne concerne aucun des deux personnages principaux ou de leurs proches à qui le lecteur pourrait s'attacher. C’est la violence qu'on regarde incrédule au JT. Un monde indicible, qui pourtant est le nôtre. 

Qu’oserais-tu dire à des lectrices et lecteurs potentiels qui n’ont pas encore eu la chance de te lire ?

Oula... La question qui flingue. Ben je dirai si vous aimez lire les jeux de langue d'Audiard, la tendresse de Pennac, Chester Himes, Fred Dard et Fred Vargas, si vous avez aimé les vieux films L'Homme de Rio de Philippe de Broca, Zorba le Grec et Little Big Man, vous en retrouverez un peu dans Tonton. Un propos décalé, un rythme... Oula, oula...J'arrête.  Peut-être que je dis de grosses conneries là. C'est dur de se situer. D'autant quand on te dit que tu ne rentres dans aucun genre littéraire si ce n'est « Thriller Bulresque ». En tout cas c'est le seul roman que je connaisse qui commence par un homme qui essuie la lunette des toilettes, honteux d'avoir oublié de la soulever et de l'avoir arrosée faute de penser à retrousser son prépuce avant de faire pipi. Un distrait et un rêveur fini ce gars. En l'occurrence Yan, mon double littéraire.    

(J’espère ceci-dit que mon retour au sujet de ton livre en l’occurrence « Tonton avait une ferme en Ukraine » publié sur mon blog va déjà donner aux lectrices et lecteurs l’envie de te lire).

D’ailleurs serait-il possible que tu me parle de ce livre. D’où t’es venue l’idée ? combien de temps as-tu mis pour l’écrire ? etc etc en clair je veux tout savoir ?

C’est inspiré par un pote de mes parents, un  aventurier truculent et maudit que j'ai connu à 12 ans. Ce tonton officieux est ensuite devenu mon ami quand l'âge adulte a gommé nos 21 ans d'écart. J'ai commencé à l'écrire le Roman en 2007 après être allé en Ukraine avec lui. Je l'ai reposé jusqu'en 2021 et je l'ai fini début 2022. Entre temps le cancer avait eu du Tonton originel qui est enterré au Boulou. Comme le dit mon ami écrivain Jean-Paul Delfino qui m'a offert la préface de ce roman avec sa générosité et sa simplicité coutumière : « Le travail d'écriture commence quand tu as perdu cinq kilos et un demi-poumon  a finir le premier jet. » Donc pour l’achever j’ai cravaché dur.

Si tu avais le choix d’un ou une auteur(e) pour un quatre mains, qui choisirais-tu ?

En vrai je ne sais pas avec quelle ou quel semblable je pourrai m'acoquiner et être complémentaire. Chez Red'Active peut-être V.Maroha. En rêve ? Un tas ;  Alexandre Dumas, Nougaro, Pennac, l'Edmond Rostang de Cyrano, Michel Tournier, Michel Audiard le scénariste-dialoguiste et pas le romancier car son La Nuit, le jour et toutes les autres nuits est aussi triste que ses dialogues pouvaient être irrésistiblement drôles. L'Umberto Eco de Baudolino parce qu'il te gave de connaissances tout en te donnant l'impression que tu lis Les Pieds Nickelés au XIIe siècle où que tu regardes un road-movie historique rigolo. Des tas d'écrivains en fait  Paul Auster ? Même pas en rêve tellement il est facile et il m'écoeure en écrivant des pages sublimes sur une histoire de rien comme celle de Moon Palace. Et je ne vois pas écrire non plus à quatre mains avec mon ami Delfino. Je suis trop jaloux de son incroyable collection d'adjectifs.   

Pourrais-tu me parler de tes livres déjà écrits ?

J’écris professionnellement depuis plus de vingt ans mais dans le roman je suis un nouveau né. Le seul publié, c'est Tonton avait une ferme en Ukraine. On en a parlé et m'espère que tu le feras mieux que moi pour les fans de ton blog.

Ton tout premier manuscrit fini ?

Ce fut Tonton, Céline et autre chose avec les deux mêmes personnages mais centré cette fois sur mon double Yan et situé en amont dans le temps par rapport au premier. Encore le thème de la quête. Là celle de l'amour au lieu de la réussite d'une entreprise improbable.

Tu es auto éditée ou en Maison d’édition et pourquoi un tel choix ?

Comme je l'ai dit, Mailis Paire des éditions Red'Active m'a fait confiance. C'était un éditeur ou rien.Je voulais savoir si un professionnel jugeait que mon roman valait d'être lu par d'autres personnes que mon entourage proche. J'avais besoin de m'évaluer, me situer... L'auto-édition je respecte ceux qui passent par là mais pour moi je rangeais ça au rayon de l'onanisme. J'y ai recours comme tout le monde mais pas pour l'écriture. L’écriture est un sport individuel comme le tennis. Pour ne pas dire une aventure solitaire. Chez Red’Active, il y a un esprit tribu, équipe de coupe Davis. Des auteur(e)s qui partent sur un salon amènent les bouquins des autres. Malheureusement, faute de disponibilité à cause de mon boulot et de garde alternée de mon fils, je ne peux participer à cet effort collectif. Je ne sais comment cela se passe chez Gallimard ou autre monstre diffusé massivement dans l’Hexagone, mais je doute qu’on y trouve cet esprit.      

Avant de conclure le chapitre auteur, peut-être as-tu envie de m’offrir un scoop sur ton futur projet ?

En ce moment je mets les toutes dernières touches à  Tonton, Céline et autre chose, opus 2 de la trilogie tontonesque projetée. Façon Stars Wars, on va à rebourg. Cela se passe deux ans en amont du premier. Yan rencontre Céline via un copain commun avec une impression de déjà vu. Il tombe illico raide amoureux, mais ne le lui dit surtout pas car le sentiment amoureux le terrorise jusqu'aux crise de spasmophilie. Et pour fuir cette incandescence il se lance à la recherche du frère de Céline qui a disparu. Bien sûr il n'en dit rien à Céline. Et comme il est aussi doué pour faire le détective que pour être évêque, il embarque Tonton qui met à contribution les vieux copains qu'il garde dans le milieu du renseignement. Lesquels trouve un intérêt à ce que cet ancêtre bavard mais malin retourne faire un tour au Brésil où l'on construit un giga-barrrage avec des billes françaises dans le coup.  C'est encore un road-movie mais plus initiatique et  prétexte à plus de rencontres de personnages développés

Passons à l’aspect lecteur. Comment choisis-tu tes lectures ? Quels sont tes styles de prédilections ?

Même si j'aime bien la fresque épique, plus qu’un style ou un genre,  le choix, c'est avant un auteur sa musique, son rythme et son jeu avec les mots. Il y a tous ceux cités dans mes rêves d’écritureà quatre mains et outre Fred Vargas, certains auteurs de polars type Montalban, Camilieri. Tant qu'on a l'art de me raconter une histoire. J’allais oublier la BD. Je suis un gros fan de BD et le soir je lis minimum un peu de BD. Hugo Pratt, Bourgeon, Moebius, Gibrat, Loisel, Druillet, Davodeau et bien d’autres. J’aimerais bosser avec un dessinateur sur un roman graphique. Il faudrait juste que je calme un peu ma plume question production. Pour revenir aux livres, dernièrement j’ai lu L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs, de Daniel Fohr. Auteur peu connu mais bouquin génial qui raconte un monde ou seules les femmes continuent à lire. Et le narrateur qui est un homme doit se cacher ou se travestir pour le faire. Bel hommage à la littérature et beaux tacles au travers du genre masculin.. ?  

Le tout premier livre que tu as lu, c’était quoi ?

Pouf et Noireau une BD premier-âge de l’époque. Ma grand-mère paternelle faisait circuler la légende que j’avais appris à le lire tout seul à quatre ans. Sinon, sans images ça a dû être comme beaucoup de monde Le Club des cinq en  bibliothèque rose et très vite la verte, la Rouge et Or avec En Kayak du Gabon au Mozambique ainsi que tous les Jules Verne.   

Ton coup de foudre littéraire ? Le livre qui t’a le plus bouleversé ? (Les raisons à cela)

Le premier livre qui m’a bouleversé c’est Enterre mon coeur à Wounded Knee de Dee Brown. On est tous un peu Indien ou Cow-Boy. Avec ce livre j’ai su que je resterai Indien pour la vie. Je voulais m’embarquer pour l’Amérique et profaner les sépultures des tuniques bleues Custer, Sheridan et Forsyth. Mais j’avais 14 ans et mon père m’a dit d’attendre un peu. Adulte, Sous le règne de Bone de Russel Banks et Voyage au bout de la nuit de Celine m’ont beucoup remué. Sinon côté coup de foudre pour une écriture, cela reste Cyrano de Bergerac de Rostand.

Pour nourrir ma curiosité, j’aimerais aussi te demander si tu regardes la télévision, des séries peut-être ou des films, dis-moi tout ?

Je suis un gros client pour le cinéma. La liste serait trop longue. Je me laisse embarquer aussi dans des séries mais je limite car je n’ai pas bien intégré le principe. Je veux savoir la fin comme pour un film. Or, l’idée d’une série,  c’est de ne jamais finir si ce n’est en queue de poisson. Quand tu attaques sur ces bases  les sept saisons de Vikings vers 21h, soudain tu t’aperçois qu’il fait jour et que tes yeux sont devenus carrés. Dangereux…  Sinon je regarde des docs quand ils m’accrochent et du sport.   

Et la musique dans ta vie, a-t-elle une place ? Tes goûts …

Important… J’écoute beaucoup de Brésiliens anciens ou plus récents. Des Français de Nougaro à Mc Solaar via Voulzy, Ferré et Bashung, Télephone, les Beatles, Hendrix, Prince, du Groove jazz-funk vieux ou actuel. Earth Wind & Fire, pour danser ou faire le ménage. George Duke, Jarreau, Bruno Mars. De la world-music.  Du jazz latino. Du classique. Du jazz-rock onirique type Pat Metheny. Joe Zawinul... Quelques rappeurs par accident. Bref, de tout...   

Voilà, nous arrivons bientôt à la fin de cet entretien MAIS, serait-il possible que tu glisses les liens ou l’on peut te découvrir ?

Il doit y avoir l’enregistrement de deux émissions de radio et des critiques médias de “Tonton“ sur le site web de Red’Active. Et sinon on peut me lire presque tous les jours dans La Provence édition Pays d’Aix. Mais bon, c’est du journalisme et pas de la littérature même si dans le journal comme ailleurs, je n’ai pas une écriture lisse et formatée. L’avantage de ne pas avoir fait d’école...  

Sans oublier de t’interroger sur mon blog, comment trouves-tu mon idée ?

Je trouve qu’elle devrait être reconnue d’intérêt général et d’utilité publique. Sans des blogs comme le tien pour faire découvrir des auteurs autres que ceux des géants de l’édition, qui s’en occupe ?

Où va-t-on avoir la chance de te croiser en salon cette nouvelle d’année ?

Je ne sais pas encore. Comme je te l’ai dit, soit je travaille au journal soit j’ai la garde de mon petit gars adoré. A 13 ans il débute certes l’autogestion, mais selon la formule consacrée ,il faut accompagner l’envol de loin au plus près. Alors cette année encore, les fenêtres de tirs seront limitées. J’essayerai de me libérer au moins pour les salons les plus porteurs qui auront la gentillesse de m’inviter.

Et enfin quels sont tes vœux et résolutions pour l’année 2023 ?

En général du classique : moins de violence et la guérison aux malades, planète comprise pour qui ce n’est pas gagné. Pour moi ? Du simple… Profiter plus de la mer qu’en 2022 et prendre au moins quelques vagues sympas en bodyboard. Pour les résolutions, je ne dirai pas arrêter de fumer. Ce serait un gros mensonge. A mon âge, il faudrait mais pour l’heure je n’en ai pas envie pour un sou. Et sans volonté profonde, toute prétention à l’action n’est que posture.

Manu, je te remercie profondément de m’avoir accordé ce temps, même si je sais vu tout ce que tu fais, qu’il t’en manque. Aux plaisirs de se revoir bientôt

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Commentaires
T
Si je n'avais pas lu Tonton avait une ferme en Ukraine, ton interview m'aurait donnée envie de le faire ! Mais c'est malin, maintenant j'ai envie de lire le tome 2 !!! 😁
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